La remise en route de l’entraînement de votre cheval permet de nous rappeler à quel point, les efforts doivent être progressifs et adaptés.
Selon ses origines, ses différents conditionnements, chaque cheval réclamera une remise en route des exercices singuliers.
Souvenez-vous qu’il ne possède pas le même système d’apprentissage que le nôtre, c’est pour cette raison que vous devrez marquer une nette différence entre ce que vous lui apprenez, dans le sens d’éducation ou de dressage et le fait de lui faire reprendre du souffle et une condition physique.
Votre cheval n’a rien oublié de ce que vous lui avez appris, même un cheval arrêté durant trois ans et possédant un vocabulaire de haute école sera à même de vous reproduire tous les mouvements tels quel après un long arrêt.
C’est un peu comme le vélo, la natation ou bien une danse, vous serez à même de reproduire exactement les mêmes gestes de manière très instinctive. Ce qui sera modifié, c’est l’aisance, la force, l’intensité et la durée avec lesquelles vous pourrez l’exécuter!
On pourrait prendre l’exemple du jeune cheval, celui qui commence son éducation avec l’Homme :
Les séances qui lui seront proposées seront de courte durée car sa capacité de concentration est brève. L’exercice devra être simple et très explicatif, des temps d’1/4h quotidiennement, suffisent amplement pour faire progresser un cheval de façon assez rapide.
(Attention! J’entends par « rapide », « une calme compréhension », je laisse le spectaculaire à d’autres…)
Ce qui nous est difficile, c’est de synthétiser ce temps car dans la plupart des cas, c’est nous qui avons besoin de répéter pour confirmer nos intentions, nos directives ainsi que nos sensations
Du fait que notre langage est naturellement dissemblable, nous avons besoin de temps afin de nous accorder avec le cheval, c’est réellement ce qui permet de nous faire comprendre et d’être compris.
La notion de maîtrise de soi, dans le sens profond du terme, est évidemment indispensable afin de rendre efficace, claire, concis et respectueux, ce langage.
Mais revenant en au jeune cheval, je pourrai prendre exemple sur de nombreux cas, notamment ceux de mes propres chevaux (jeunes, à réhabiliter, à remettre en forme, etc…) : tous les chevaux de mes écuries sont foncièrement différents, uniques comme dans la plupart des cas mais c’est également un souhait de ma part, car je cherche des identités entières, affirmées, possédant leur histoire que je ne peux et ne veux pas contrôler.
Je fais AVEC et je m’adapte!
Au cours du confinement, j’ai repris l’entrainement des longues rênes en extérieur, un de mes outils de prédilection pour le dressage, je pratique cette discipline généralement en manège car le temps me manque pour partir faire de longues marches durant le reste de l’année.
Je la pratique en side pull car l’effet du mors est trop puissant sur de longues portées, mes chevaux sont donc tous éduqués préalablement à cet outil, ce qui demande également du temps…
Durant ces deux derniers mois, j’ai pu la pratiquer avec chacun de mes chevaux actifs (6) et j’ai pu, encore une fois, en observer les différents effets positifs.
Outre le fait que cela me fait également marcher activement deux heures par jour (ce qui est aussi intéressant pour la condition du cavalier), j’ai pu passer ce temps de marche à approfondir mon observation sur leurs diverses asymétries, j’ai pu profiter des chemins sinueux, des montées, des descentes qui montrent une tout autre vision du mouvement du cheval en comparaison au travail sur le plat.
Améliorant également le souffle, rien de tel qu’une bonne marche active pour le couple cavalier/cheval !
Je crois que certains se souviennent d’un précédent article sur la question…
En plus d’apporter une vision horizontale et globale du cheval du fait de se positionner derrière, elle permet également de comprendre mathématiquement et/ou biomécaniquement si vous préférez, le mouvement de votre cheval.
Elle vous permettra, par la visualisation, de projeter ce mouvement en étant sur le dos de votre cheval, comme si vous montiez sur sa croupe.
Car, en effet, la plupart de nos divergences proviennent du fait que nous sommes assis au milieu du cheval et que, par notre nature profonde de bipède accompagné de son réflexe d’agrippement qui est le nôtre, nous conduisons le cheval par le devant au lieu de le conduire dans son entièreté, de l’arrière vers l’avant (objectif).
L’utilisation des longues rênes entraîne le développement de ce regard dit dorsal, c’est-à-dire ce que l’on sent à travers, le mouvement, le rythme et la présence ET ce que l’on visualise grâce aux différents repères temporels et spatiaux.
Les longues rênes ont également l’avantage d’utiliser principalement le PAS en allure.
Cette allure dite lente est la seule qui permette autant de possibilités, de décontractions, d’équilibrages, de rectifications rythmiques et d’intégrations de données dites « cheval ».
Elle entraine la fameuse VERTICALISATION du cheval, « notion » et apprentissage essentiels pour construire un « juste » dressage.
Du simple fait de demander des transitions dans l’allure du pas, du pas à l’arrêt, de l’arrêt au reculé et du reculé à l’arrêt et de l’arrêt au pas.
Souplesse, aisance, rythme donc équilibre !
En voici le résultat !
Souvenons-nous que si le sommet est motivant, le chemin pour l’atteindre est encore plus passionnant…